Servilly

 « Le cinquiesme juillet mil sept cent mourut en revenant de La Palisse un valet de Me de Bergeron cpne du chastel de Montaigu le Belloin par l’accident d’un chart sur lequel il y avoit un poinsson de vin et sur lequel il estoit monté et s’estoit endormi, qui avec ledit chart se renversa sur luy de la chutte duquel led. valet mourut de mort subite, sans avoir receu aucun sacrement, proche la Croix de Vernes de la parroisse de Servilly dans le chemin allant de lad. Palisse aud. Montaigu le Belloin, et le lendemain sixiesme dudict mois la justice de Gléné et dud. Servilly s’y transporta fit visitter le cadavre et en dressa un proces verbal selon les formalités qu’on observe en cas pareil et ensuite enterra le corps dudict valet dans le cimetiere dudict Servilly ; en présence de Barthelemy Pingeron et de Gilbert Grenier qui ne sceurent signer de ce enquis ».                                            

« Quand a 1693 la récolte fut tres mediocre tant en bled qu’en vin a cause des semences mal faictes l’année precedente et quantité de maladies arriverent soit a cause du meschant vin qu’ont beut ou du fruict qu’ont mangea qui s’estoit recuilly en abbondance la precedente année de sorte qu’en bien d’endroits il eut tres peu de bled et point de vin ny d’huile ce qui fut cause que le prix des grains et vin augmente et du bled seigle la qte (quarte) vallut communemt jusqu’à la fin de la susd. année 12 #, 13 # la qte et le vin 30 # le poinsson ».

« Touchant l’année 1694 le bled feut beaucoup cher et au mois de may il vallut jusqu’à 27# la quarte seigle et du froment 30# mais dans des autres provinces il feut encore beaucoup plus cher de sorte qu’aucun homme vivant n’avoit jamais veü une semblable cherté de vivres ce qui causa une telle misere parmy le peuple y joingts les grandes subsides que le Roy levoit que beaucoup de gents furent contraints de manger de meschantes herbes des champignons de la charogne ce qui causa à ces miserables la putrefaction et ensuite la mort qui arriva tres frequente en beaucoup d’endroicts et mesme ont trouvoit beaucoup de morts dans les chemins et  dans les granges quoyque le Roy pour obvier a ses pressentes necessités ont faict taxer les particuliers de donner l’aumosne aux pauvres à proportion de leurs facultés néantmoins nonobstant toutes ses précautions il mourut quantité de personnes de sorte que dans cette seule parroisse il mourut trente deux personnes tant du lieu qu’estrangers de sorte qu’en une seule année j’enterra plus de corps qu’en dix autres précedentes.

La cherté du vin la presente année fut tres grande et je feus contraint d’en faire venir par charrois et a grands frais de la parroisse de Juré en Forestz lieu de ma naissance qui n’estoit pas néantmoins beaucoup cher sur ledict lieu mais les frais de charriement de dix lieues qu’il y a de la rey ( ?) et les chemins qui en sont mauvais en augmentoient beaucoup le prix.

Cette année 1695 la recolte a esté tres mediocre en beaucoup d’endroits. Le froment est tout noir et pourry. Le bled à my aoust a vallu vi # la qte le seigle et le froment 8 # 16 S, le poinsson de vin 32 #. Il y a apparence que les grains augmenteront de prixveu la petite recolte qui s’est faicte si Dieu par sa divine bonté n’en dispose autrement. Pour la recolte de bled j’en ay jamais faicte de moindre depuis 22 ans et demy que je suis curé indigne de cette parroisse ».

« Aujourd’hui vingt cinquiéme Juillet mil sept cent trente un, en vertu de la permission à nous accordée au mois de Juin dernier par monseigneur l’Illustrissime et Réverendissime Evêque de Clermont ; Nous Charles Galien Prêtre, Curé de la Parroisse de Servilly, avons procédé à la benediction de la grosse et moyenne cloche, et après avoir exactement observé les céremonies marquées dans le Rituel du Diocèse, avons, du consentement, et au nom des habitans de ladite Parroisse, donnez à la grosse cloche le nom de Cloche de Nôtre Dame ; et à la moyenne le nom de Cloche de St George : fait ledit jour et an, en présence dees sieurs André Charles Seigneur de Glené et Servilly, Louis Charles, Paul Devaux, Pierre Duchon, Gilbert Forestier, qui ont signez avec moi, et plusieurs autres, qui ont declarez ne savoir signer. Enquis ».                 G. Charles                              Devaulx                                  Duchong

Charles de Gléné                       Forestier                              Galien Curé de Servilly         

 

« Depuis l’an 1603, inclusivement, jusqu’à l’an 1708, exclusivement, c’est à dire dans l’espace de 105 ans, il s’est fait des batêmes d’enfans de cette parroisse 1014. Savoir sous Mr Charles Habert curé, 420.Depuis sa mort, 7. Sous Mr Gilbert Grassot curé, 222. Depuis sa mort, 1. Sous Mr Claude Dalbaigue curé, 357. Sous moi, et par moi Charles Galien curé, 7 ».

Orthographe d’origine respectée
Transcrit et ransmis par Michel Ameuw

 

Servilly, … 

en 1709

« La fin de la présente année et l’Année suivante jusqu’au tems de la recolte, ont été veritablement des Années de la colère du Seigneur… Tous les noyers sont morts, le froment a gelé l’hyver ce qui ne s’est peut-être jamais vu. Le pain de fougere à valu en certains lieux ce que le pain d’avoine a valu ici. Les herbes mangées crues, les fruits mangez vers, la graine de chanvre regardée comme un mets delicieux, les charognes puantes vendues en plein marché, et mille autres choses semblables apprendront à la posterité surprise, sil fait bon servir à son maître. Il était assurement bien raisonnable que l’homme ayant vécu en bête fut réduit à la nourriture des bêtes. Je ne parle pas des maladies qui ont emporté un tres grand nombre de personnes. On trouvait communément dans les chemins des gens mors de froid, ou de faim, ou de tous les deux ensemble. La rigueur de l’hyver et la mauvaise nourriture ayant corrompu le sang, les Riches et les Pauvres sont morts également, avec cette difference néan-moins que les pauvres abandonnés de tout secours humain, et qui n’avaient pour nourriture et pour remedes que de l’eau à boire, échappaient plus aisément de ces sortes de maladies qui semblaient en vouloir particulierement aux riches. Le jugement a commencé par la Maison du Seigneur, suivant la parole du prince des Apôtres, car il est mort une si grande quantité de Prêtres qu’on disait communément que c’était l’année de la mort des Prêtres. »

Orthographe d’origine respectée
Transmis par Yvonne Ameuw